Le maître du réalisme japonais
Maison de la culture du Japon à Paris, du 26 avril au 13 juillet 2023.
L’exposition du printemps-été 2023 de la Maison de la culture du Japon à Paris est la première en France consacrée à l’une des figures les plus marquantes de l’histoire de la photographie japonaise : Ken Domon (1909-1990). Elle réunit une centaine d’images de ce pionnier de la photographie réaliste, produites entre les années 1930 et 1970, révélant les multiples facettes de son travail : son approche du photojournalisme au début de sa carrière, le tournant vers la photographie de propagande dans les années 1930, puis sa fascination pour les anciens temples et la sculpture bouddhique, ses touchants portraits d’enfants des rues et de célébrités et son témoignage bouleversant sur Hiroshima.
L’œuvre de Ken Domon a durablement marqué l’histoire de la photographie au Japon en posant les bases de la création photographique contemporaine, au point d’être, aujourd’hui encore, considéré comme une référence incontournable. Domon a cherché pendant toute sa vie à obtenir les images les plus réalistes qui soient, sans verser dans un quelconque misérabilisme. avec son regard, sans filtres, qui se posait sur la société en général et sur la vie quotidienne : La réalité sociale du quotidien s’impose au moins autant à moi que les traditions ou la culture antique de Nara et de Kyoto ; le point commun de mon intérêt pour ces deux sujets, c’est ma tentative de comprendre le lien que ces réalités ont avec la destinée des Japonais, leur colère, leur tristesse, leur joie attestait Ken Domon.
Ce réalisme est incontestablement le fil conducteur de l’exposition qui, s'attache à retracer l’ambitieux parcours emprunté par Domon pour saisir la culture japonaise dans son ensemble. Elle donne notamment à découvrir les deux reportages qui traduisent le plus nettement le réalisme social caractéristique de son travail, soit : Hiroshima (1958), considéré par le prix Nobel Kenzaburô Ôe comme la première œuvre d'art contemporain inspirée par la bombe atomique à traiter des vivants et non des morts, et Les enfants de Chikuhô (1960), une série photographique qui témoigne de la pauvreté qui ronge les villages miniers du Sud du pays, en se focalisant sur la vie des enfants des rues. Ken Domon est devenu le chef de file de la photographie réaliste au Japon dans les années 1950. Il a certainement été influencé par de grands photographes occidentaux tels que Cartier-Bresson et Eugene Smith, aux côtés desquels il expose à Tokyo en 1951 et 1953.
La série Portraits révèle aux visiteurs les visages de personnalités dans différents domaines - artistique, littéraire, culturel ou scientifique - comme les écrivains Yukio Mishima et Jun.ichirô Tanizaki, les artistes Foujita, Tarô Okamoto et Yûsaku Kamekura, le réalisateur Yasujirô Ozu ou encore l’acteur Toshirô Mifune.
La dernière partie de l’exposition est quant à elle consacrée à la série photographique la plus longue de Domon, Pèlerinage aux temples anciens, un recueil d’images de statues et d’architecture bouddhiques, de trésors cachés et de paysages discrets, immortalisés au cours de voyages à travers le pays alors qu’il cherchait à capter la beauté des lieux sacrés des temps anciens.
On peut parler de l’œuvre de Ken Domon comme d’une autobiographie, d’une documentation personnelle, plutôt que sociale, qui traduit son souci constant de fixer sur la pellicule un moment de dialogue avec le sujet. Son regard fixé sur ce dernier, qu’il s’agisse d’un paysage, d’une sculpture, d’une personne ou d’un objet, agit comme le révélateur d’une beauté universelle vue à travers un objectif qui n’ignore aucune des caractéristiques physiques de la forme représentée précise la commissaire, Rossella Menegazzo.
Ken Domon n’avait que très rarement été exposé à l’étranger : en Allemagne en 1990 et en Italie en 2016. Il n’avait jamais bénéficié d’une vitrine en France et cette exposition à la Maison de la culture du Japon à Paris permet de mettre en exergue le fait que Domon, avec le concours d’amis et de personnalités du milieu artistique comme Yûsaku Kamekura et Sôfû Teshigahara, a su initier dans les années 1950 une véritable transition culturelle, écartant définitivement l’esprit de défaite pour donner naissance à une esthétique contemporaine japonaise.
Cette exposition est accompagnée d’un magnifique livre : KEN DOMON le maître du réalisme japonais, aux éditions SKIRA
Commissariat : Rossella Menegazzo, professeure d’histoire de l’art de l'Asie Orientale à l’Université de Milan Avec le soutien de : Ken Domon Museum of Photography, MondoMostre
Avec le concours de : Association pour la MCJP
Maison de la culture du Japon à Paris
101 bis, quai Jacques Chirac 75015 Paris / Métro Bir-Hakeim / RER Champ de Mars
Tél. 01 44 37 95 00/01
Horaires
Mardi - Samedi de 11h à 19h
Fermé les jours fériés
Entrée libre