Les Zooms

Publié le par Amandine PELLETIER - mis à jour le

Qu'est ce que les ZOOMS ?

Logo ZOOMS 2024

Afin d’encourager et de mettre en valeur la profession de photographe, le Salon de la Photo a initié en 2010 LES ZOOMS, deux prix décernés, l’un par le public, l’autre par la presse. Présidé par la photographe FLORE, le jury se compose de huit professionnels de la presse (rédacteur photo, rédacteurs en chef, directeurs de la photo et directeurs de rédaction) qui ont désigné chacun un(e) photographe professionnel(le) et "émergent(e)" (français(e) ou installé(e) en France), un talent peu connu ou pas assez reconnu.

Voter pour l'un des 8 photographes, c'est reconnaître leur talent et le travail de ces passionnés de photographie. Cela vous prendra moins d'une minute et une surprise vous attend à la fin du vote. Une exposition des 2 lauréats sera organisée au Salon de la Photo 2024. Vous avez jusqu'au 11 septembre 11h pour voter.

Voter pour mon photographe coup de coeur

Découvrez les photographes sélectionnés

Sélection Compétence Photo - Alexis Pichot 

Présentation

« Depuis des années, Alexis Pichot sillonne la nuit en solitaire, cherchant à témoigner de la beauté du monde ; toujours proche de la nature, mais toujours loin des hommes. Avec la série Résurgence, il se confronte pour la première fois à une autre réalité : celle d’une lutte pacifique pour préserver ladite nature et y maintenir l’harmonie. En ligne de mire, le projet autoroutier de l’A69, qui a déjà mis à terre de trop nombreux platanes centenaires. En réaction, une multitude d’« écureuils », vent debout, investissant les arbres, jour et nuit, jusqu’à ce que les gouvernants retrouvent la raison. Si les idéaux de ces militants – en herbe pour certains – sont pluriels, l’esprit du collectif reste bel et bien enraciné. Une cause pour une voix : No macadam ! Chaque mois, Alexis rejoint les locataires de plusieurs houppiers, dans un des lieux d’indignation baptisé La Crem’Arbre, à Saïx dans le Tarn. Chaque jour, il y prend la mesure de leur engagement inébranlable, de leur ferveur contagieuse et de leur indicible opiniâtreté. Plus qu’un état des lieux, en partie déjà ravagés, ses photographies révèlent un état de fait : des défenseurs de la nature contraints de s’opposer à la destruction aveugle d’un massif forestier pourtant classé à haute valeur environnementale. Mais pour eux, l’évidence ne fait aucun doute : l’odeur du bitume ne sera pas encore celle de cette nouvelle nuit. » - Gérald Vidamment

Eloge

Alexis Pichot est un photographe français, né à Paris en 1980. Durant plus de dix ans, il a exercé l’activité de décorateur d’intérieur à Paris. Pendant cette période, il a porté son regard sur l’espace et acquis une sensibilité qui nourrit désormais pleinement son approche des volumes dans la photographie. Il a entrepris une reconversion professionnelle en se lançant les yeux fermés, en autodidacte, dans ce nouvel univers.

La nuit, la lumière ainsi que les espaces constituent ses sources d’inspiration, d’expérimentation, de confrontation mais surtout d’épanouissement. Les villes et leurs vestiges ont été des terrains d’investigation privilégiés, aussi bien par leurs lignes architecturales que par l’histoire passée et actuelle dont elles témoignent. La nature s’est imposée à lui comme source de régénération, un lieu de tranquillité et de solitude où il prend le temps de s’imprégner des éléments qui l’entourent.

Photographie d'Alexis Pichot

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Sélection De l’air - Andréa Sena

Présentation

Andréa Sena est une photographe autodidacte, accompagnée à ses débuts par une école de photographie à distance qui lui aura surtout donné envie de prendre des distances avec la théorie et de se rapprocher du réel, quitte à se bruler les doigts. Âgée de 31 ans, élevée entre le Portugal et la France, elle débute sa carrière en 2018 comme la plupart des apprenti.e.s photographes, toutes générations confondues, en couvrant des manifestations dans la rue et en développant une pratique sociale. Le confinement lui ouvre les portes des nuits clandestines qui se multiplient à Paris (où elle réside) et dans toute la France. Quand la guerre débute en Ukraine, Andréa fait ses valises pour sa première expérience à l’étranger et dans un pays en conflit.

Eloge

Raves d'Ukraine

Le jour l’ennuie. La nuit, les chats d’Andrea Sena ne sont pas gris. Ils, elles, iels miaulent, griffent, ronronnent, ondulent, entrent en transe en noir et blanc. Ses premiers nyctalopes, elle les capture frontalement lors des raves clandestines qui pullulent au gré des différents confinements. Sa pratique photo est directe, téméraire, tonique, punk (celui des origines), elle rentre dans son sujet comme dans les sujets qu’elle shoote. Sans maniérisme et avec un sourire toujours désarmant.

Quand en France le couvre-feu s’éteint fin 2021 un feu qui couvait depuis longtemps s’abat sur l’Ukraine. La jeune photojournaliste s’y rend en mai 2022. Durant ce premier séjour de quelques mois, Andrea prend le pouls d’un pays occupé en partie, agressé totalement. Elle en tirera deux ans après un petit livre (Des larmes caucasiennes aux éditions Vérone). Lors de cette première immersion, elle se rend vite compte que les guerres comme les réclusions n’arrêtent pas les fêtes. En juillet 2023, la photojournaliste revient pour infiltrer la nuit ukrainienne où l’interdit encourage toutes les transgressions… Souvent portées par des soldats de la communauté LGBT, les soirées de Lviv ou d’Odessa ressemblent à s’y méprendre à celles de New York, Paris ou Moscou. Sauf qu’ici, faire la fête s’apparente à un acte de résistance à la folie des hommes, une façon de dire aussi à l’ennemi qu’il ne vous pourra vous empêcher de jouir sans entraves, une nuit encore.  Une manière aussi de soutenir les copains mobilisés dans les tranchées, loin des raves... Durant ces fêtes clandestines, on récupère ainsi des fonds pour améliorer le quotidien des soldats au front.

Photographie d'Andréa Sena

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Sélection Photo - Camille Leprince 

Présentation

« Camille Leprince a 23 ans. Il vit à Paris. Il est en diplômé en arts graphiques, illustration et photographie à l’école supérieure d’arts graphiques de la ville de Paris (EPSAA). Ses recherches, initiées depuis plusieurs années, tentent de mettre à jour et de partager l’incarnation photographique de ses fantasmes. Explorateur de la lumière, du temps de pose et de l’exposition multiple, stratège comme seuls savent l’être les intuitifs, Camille Leprince nous offre, de portrait en portrait, un « ça-a-été » onirique fascinant. Floutés, troués, dédoublés, objets de métamorphoses, ses modèles surgissent dans l’espace du réel comme autant de mythologies. Subitement incarnés devant nous, ces « héros» contemporains entrent en résonance avec la part la plus intime, la plus mystérieusement sexuée de notre psyché. » - Frank Secka

Eloge

« Tout est parti d’un rêve. Une nuit, Camille s’incarne en amiral. Devant lui s’étend l’immensité de l’Océan Atlantique, derrière, les plages de galets de la Côte d’Albâtre normande. Soudain sous ses yeux, son fils est englouti par une vague immense d’eau et de cailloux, qui l’écrase et finit par l’entrainer dans les profondeurs.
C’est dans le petit studio qu’il habite à Paris, que Camille Leprince a donné corps à son fantasme, avec l’aide de la sculptrice Elia Valet et du danseur Boston Gallacher qui prête son physique de Gainsbourg gracile au personnage du fils.

À 23 ans, Camille a compris qu’un artiste ne se fait pas seul. Sa force est d’avoir avalé tous ses maîtres : l’effronterie de Robert Mapplethorpe, le mouvement de Pina Bausch,  les corps sculptés de Lucian Freud et d’Auguste Rodin, les lumières du Caravage, le génie mode de Paolo Roversi… Dans d’immenses cartons à dessin, le jeune photographe consigne tout ce qui nourrit son goût sur de grandes planches où dialoguent croquis, sculptures et peintures, ponctués de mots comme des haïkus, gravés à même les tirages. C’est dans ces pochettes que naît Camille Leprince, l’artiste.

Ce n’était qu’un rêve mais Camille en a en nombre. Assez pour nourrir toute une œuvre dont la puissance esthétique n’a pas attendu le nombre des années. Ce conte de liberté retrouvée qui sort tout droit de sa tête et de sa chambre, est dévoilé presque pour la première fois aux Zooms, avant même qu’il ne soit publié, exposé… ce qui ne saurait tarder. » - Cyrielle Gendron

Photographie de Camille Leprince

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Sélection Polka - Claire Guarry

Présentation

Née en Corrèze en 1981, Claire Guarry a grandi dans un petit village en Dordogne, entourée de son père, antiquaire qui avait l’habitude de prendre en photo ses rénovations de meubles, de sa mère, qui lui a transmis le goût de la mode, et de ses grands-parents. Lors de ses études de commerce, elle fait de longs séjours à l’étranger, en Angleterre et en Espagne, puis part en Amérique latine où elle rencontre son compagnon. Ensemble, ils s’installent à San Francisco en 2008 et fondent une famille. C’est à ce moment-là que Claire Guarry débute la photographie : elle documente la vie de ses enfants, et poste ses images sur Instagram. Elle est vite repérée et commence sa carrière professionnelle, souvent pour des marques de vêtements pour enfants.

Eloge

Douceur de vivre, amour, joie… Voilà ce qui ressort des images, à l’esthétique vintage, de Claire Guarry. En 2008, cette fan de mode s’installe à San Francisco avec son compagnon après plusieurs années de voyage et fonde une famille. Elle documente depuis la vie de ses trois bambins, qui grandissent sous les rayons du soleil californien. « J’ai l’impression de vivre en plein film américain ! » Les prises de vue, toujours spontanées, racontent un quotidien enchanté, avec tendresse et style. D’abord au numérique, Claire Guarry revient, à l’occasion du premier confinement en 2020, à une pratique argentique qui lui tient à cœur. « Les pixels qui remplacent le grain, les cartes mémoires remplies de données… Moi qui n’aime pas gaspiller, cela me correspond mieux. »

Photographie de Claire Guarry

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Sélection Fisheye - Juliette Alhmah

Présentation

Juliette Alhmah, 29 ans, étudie les sciences humaines avant d'être diplômée du Master Photographie de l’École nationale supérieure Louis-Lumière en 2019. Elle étudie également un semestre à l'Académie libanaise des beaux-arts de Beyrouth en 2018. Avec une approche documentaire et plastique, elle explore les relations entre les êtres, leur environnement, leurs croyances et leur poésie. Elle aborde ces sujets en faisant appel à la photographie, mais aussi au dialogue entre plusieurs médiums comme l’écriture, le son ou la vidéo. Lauréate de la première édition du prix Fisheye de la création visuelle, en 2023, son projet toujours diane est exposé à la Fisheye Gallery arlésienne l’été 2023. La même année, son projet Salted Love, composé de tirages éphémères au papier salé, est exposé aux Rencontres photographiques du 10e à Paris.

Eloge

« Toujours Diane, c’est l’invention d’un monde où le soleil ne se couche plus, où cette lumière qui baigne n’est ni chaude ni douce, mais parfois agressive et éblouissante », explique Juliette Alhmah. Inspirée par le projet Znamia – un consortium russo-européen ayant développé dans les années 1990 une série d’expériences visant à réfléchir la lumière solaire avec des satellites pour éclairer des villes de l’Arctique russe –, la photographe franco-kabyle croise images d’archives et argentiques, monochrome et poésie, lumière aveuglante et envolées abstraites pour ériger un monde onirique où le soleil ne se couche plus. Baignés par les halos éternels, la faune, la flore et les êtres semblent brûler d’une douce langueur. Une narration aux confins du fantasme, tordant le réalisme insufflé par la science pour mieux nous attirer dans les toiles d’un rêve impérissable.

Dans cette série qui associe images de l’Observatoire de Paris, clichés noir et blanc où la lumière « bave » (car pris avec un film dépourvu de filtre anti halo) et gros plans couleurs d’œil en souffrance, la photographe compose une fiction onirique, à la manière des histoires d’Alain Damasio. Des images offrant un espace de liberté, où le sommeil et la nuit s’érigent en territoires de résistance.

Photographie de Juliette Alhmah

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Sélection Réponses Photo - Omar Al Jiwari 

Présentation

Je suis Omar Al Jiwari, un passionné de photographie basé à Paris. Mon parcours a commencé avec une fascination du portrait et cette manière de capturer l'essence des individus. Mon regard a changé après l'épidémie de Covid et je me suis senti attiré par l'énergie de la photographie de rue, qui est rapidement devenue ma passion. Mais, quel que soit le domaine, je m'efforce toujours d'incorporer une personne dans mes clichés. C'est ma manière de me connecter à l'humain de par la photo. Je suis un voyageur passionné qui savoure le frisson de se perdre dans de nouveaux environnements et de capturer des moments uniques en chemin. Mon style est fortement influencé par les œuvres de certains de mes photographes préférés, notamment Steve McCurry, Alex Webb, Harry Gruyaert et Christopher Anderson. Leur capacité à capturer l'émotion, la lumière et la couleur continue d'inspirer ma propre vision artistique. Mon rêve ultime est de transformer ma passion pour la photographie en une carrière enrichissante, où je pourrai continuer à explorer la beauté du monde et des personnes qui l'habitent à travers mon objectif.

Eloge

Photographe que nous avons découvert sur les réseaux sociaux il y a deux ans, Omar Aljiwari fait partie de ces passionnés arrivés sur le tard, mais pas sans talent. Cet ingénieur logiciel de formation capte l’esprit des rues partout où il va, du Sénégal à Hong Kong. Dans sa démarche, il cherche des images plus ou moins complexes et étonne par la maturité de ses cadrages et le fort pouvoir narratif des scènes qu’il immortalise. La série est une corde qui jusque-là manquait à son arc et c’est sur quoi nous avons travaillé dans le cadre des Zooms avec les images d’un de ses derniers voyages photos en solitaire au Bangladesh. Son ordre de mission : capter les couleurs d’un pays encore méconnu des photographes de rue.

Photographie d'Omar Al Jiwari

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Sélection Phototrend - Pierre-Louis Ferrer

Présentation

Né en 1988, Pierre-Louis Ferrer, photographe français, utilise la photographie infrarouge et ultraviolet pour révéler des aspects invisibles du monde qui nous entoure. À chaque cliché, on se surprend à découvrir des paysages familiers transformés en scènes surréalistes, où la végétation colorée et les ciels dramatiques remettent en question notre perception du réel.

Pierre-Louis Ferrer ne se contente pas de repousser les limites esthétiques ; il engage aussi un dialogue entre art et science. Ses images captent des processus biologiques imperceptibles, enrichissant notre compréhension de l'environnement. Ses photographies, prises à travers le monde, sont ainsi autant une invitation au voyage qu'à la rêverie.

Dans sa série "Coexistence", le photographe utilise le médium de la photographie infrarouge pour montrer sous un jour nouveau la cohabitation fragile entre l'homme et la nature. Le vert de la nature passe ainsi au rouge, offrant une vision inédite de notre quotidien.

Eloge

Dévoiler le monde au-delà du visible : telle est la philosophie qui sous-tend le travail d’auteur du photographe Pierre-Louis Ferrer.

Issu d’un cursus scientifique en ingénierie de l’optique et des capteurs, suivi de 5 années d’expérience en R&D dans l’industrie aéronautique, Pierre-Louis Ferrer met à profit son bagage technique dans le développement de nouveaux systèmes photographiques. Plutôt que de revenir à des techniques anciennes, le photographe privilégie l’expérimentation et l’innovation pour élargir sa vision du monde. En modifiant des capteurs numériques et en y combinant du verre optique scientifique, il accède à tout un segment du spectre lumineux invisible à l’œil nu – comme l’infrarouge – pour dévoiler son interaction avec notre corps et notre environnement.

Sa démarche artistique, basée sur la photographie multispectrale, aborde des thématiques complémentaires : l’impact de l’homme sur la nature et le végétal ; et l’impact de notre environnement et de notre mode de vie sur le corps humain. Ses photos visent à questionner le spectateur sur sa sensibilité à appréhender le monde, en le confrontant à des visions alternatives – pourtant bien réelles – de son environnement. Ces images révèlent aussi des processus biologiques invisibles qui influencent la vie sur Terre, souvent sans que nous en ayons conscience au quotidien.

En parallèle de son travail d’auteur, Pierre-Louis Ferrer s’engage auprès d’industriels, de marques et d’organismes de santé publique en développant des approches innovantes de sensibilisation aux risques dermatologiques et environnementaux par l’image.

Photographie de Pierre-Louis Ferrer

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Sélection Like Magazine - Théo Le Foll

Présentation

Pour véritablement appréhender Théo, il convient de jeter un regard à son appartement, en plein cœur de Saint-Germain-des-Prés. Avec ses allures de petit musée, il dégage une atmosphère particulière, radio réglée sur FIP et parfum pénétrant d’encens. En collectionneur passionné, le photographe y abrite des milliers d’objets qui semblent mener là une existence propre. Sa vie à lui s’organise en une myriade de petits papiers – ses pensées griffonnées au stylo-bille –, certains éparpillés sur son bureau, d’autres soigneusement classés dans des dossiers. Son sens aigu de l’observation s’est développé dès l’enfance. Initié par sa mère, qui tenait un bistrot dans Paris, aux plaisirs des brocantes, entraîné par son père, boucher, dans de longues excursions en pleine nature, avec en parallèle l’apprentissage de la chasse, il puise dans ces expériences ses premières inspirations. Accompagnant son père lors de voyages en Afrique, il se découvre dès l’âge de 12 ans une passion pour la photographie. Il saisit la vie sauvage. Progressivement, ses escapades en forêt se transforment en nuits dans les arbres, camouflé, pour prendre toujours plus de clichés. À 15 ans, il part en Afrique du Sud pendant trois mois, seul, où il s’occupe d’animaux et de lutte contre le braconnage. C’est une étape marquante dans sa vie, immergé dans une culture qui n’est pas la sienne. Il y retournera les étés suivants jusqu’à ses 18 ans. Puis sa photo quitte la forêt et vient s’inviter dans sa classe. Ses camarades d’école deviennent ses nouveaux modèles. Peu à peu, ses images se drapent dans les teintes nocturnes de ses nuits de fête. Le bac en poche, son bref détour par une école de commerce, dicté davantage par le désir de plaire à ses parents que par une affinité réelle avec ce genre d’études, est suivi d’une confirmation: sa voie, ce sera la photo. Au printemps 2021, un tournant Théo apprend qu’un défilé de la marque Casablanca se prépare. Armé de son audace et de ses « petites machines », il se rend sur place quelques heures à l’avance, espérant s’y faufiler. Sans invitation mais déterminé, il pénètre dans l’enceinte du défilé… Septembre 2022, Jean-Paul Gaultier puis Paco Rabanne sollicitent Théo. Suite à plusieurs shootings tests, il signe un contrat avec la marque de parfum Paco Rabanne. En franchissant ce palier, il a le sentiment d’opérer la jonction entre héritage familial, passion et métier.

Eloge

Il n’aura fallu qu’une minute pour que Théo Le Foll m’ouvre, généreux, les portes de son univers – celui d’un jeune photographe parisien récemment surgi avec brio sur le devant de la scène. Son regard vif, son sourire malicieux et son assurance inébranlable me confirment que je vais suivre avec lui une histoire captivante. Béret sur la tête, appareil photo miniature autour du cou – il me confie qu’il s’agit en fait d’un briquet, cadeau de sa mère – il évoque son parcours en une foule compacte d’anecdotes plus fascinantes les unes que les autres. Son exploration de l’argentique commence avec un appareil que lui donne son grand-père. Il y découvre la qualité que le négatif procure et que le numérique ne peut pas offrir. Autant dire que la beauté de l’imperfection est au cœur de son art. En perpétuel mouvement, il orchestre son agenda avec une rigueur sans faille. Du Costa Rica à Londres en passant par Barcelone, Madrid ou Milan, le photographe se laisse surprendre par l’instant, s’abandonne aux charmes de la découverte et de la spontanéité, jusqu’à se sentir touriste même en plein Paris, ce qu’il qualifie de « sensation magnifique ». Théo Le Foll ne s’arrête jamais. L’idée même de sortir sans appareil photo est pour lui inenvisageable. Risquer ainsi de manquer un instant digne d’être fixé sur la pellicule, il ne se le pardonnerait pas. Il rêve même d’être un fantôme pour pouvoir saisir des clichés à sa guise. Il répète – et l’a bien montré – que l’audace est essentielle et que l’hésitation, la peur, amènent à l’échec. D’une manière ou d’une autre, Théo immortalise, transformant chaque voyage, chaque péripétie, en travail photographique qu’il archive méticuleusement. Peut-être, un jour, investira-t-il un vaste hangar avec un grand studio photo et une salle qui serait comme un musée personnel. « Je mettrai tout, j’encadrerai tout, et ça racontera plein de petites histoires. J’aimerais bien, ce serait un bordel organisé. Je pourrais exposer ça pour les gens, faire visiter le site. De toute façon, au bout d’un moment, mon appartement va craquer. Il déborde de souvenirs, de bouquins, de posters… » Il compare ses archives à une valise qu’il traînerait constamment derrière lui, remplirait sans relâche et pourrait ouvrir à tout moment pour plonger dans sa mémoire. Enfouie au creux de ses projets intimes et des instantanés de ses périples, une énorme part de son travail demeure inconnue. Il considère les réseaux sociaux avec réserve, dispensant ses publications avec parcimonie. « Aujourd’hui, j’en suis arrivé à un stade où je dois montrer tout le travail d’une année, et crois-moi, ça représente vraiment beaucoup, beaucoup de photos. Je trouve que plus le temps s’écoule, plus ce que tu as fait dans le passé prend de la valeur. Beaucoup diraient l’inverse, qu’il faut poster sur les réseaux sociaux tout de suite. Moi, j’aime bien créer cette espèce de faille temporelle. Le mystère induit l’intérêt, il est parfois nécessaire de brouiller les pistes. » Théo Le Foll n’a pas 25 ans et montre déjà une réflexion approfondie sur son métier, nourrie par sa passion sans faille. À coup sûr, ce jeune homme fera des émules…

Photographie de Théo Le Foll

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