CHÈRE EUGÉNIE
Pour célébrer le 170ème anniversaire de L’Eau de Cologne impériale et de l’iconique « Flacon aux abeilles », tous deux créés pour l’Impératrice Eugénie en 1853, Guerlain donne carte blanche à onze artistes femmes afin qu’elles réinterprètent le fleuron de la Maison au travers du médium photographique. Leurs créations sont exposées du 9 mars au 4 septembre 2023 au 68, avenue des Champs-Élysées. Onze artistes internationales : Jane Evelyn Atwood, Valérie Belin, Delfina Carmona, Delphine Diallo, Su Kui, ORLAN, Charlotte Rampling, Myriam Roehri, Almudena Romero, Christine Spengler et Audrey Tautou, rendent un hommage-chorale au pouvoir évocateur du grand classique de la Maison, à l’Impératrice qui l’a inspiré et à l’engagement de la Maison Guerlain pour les Arts, les femmes et la nature. L’abeille d’or créée pour ce flacon qui n’a eu de cesse d’inspirer les créations de Guerlain, est aujourd’hui devenue, plus que le symbole de son identité et de la pérennité de la Maison, un guide pour son engagement durable, Au Nom de la Beauté.
Benoît Baume, Fondateur de Fisheye
L’exposition « Chère Eugénie » n’est pas le résultat d’une « commande ». C’est, pour reprendre le joli mot de Daniel Buren, une « demande », c’est-à-dire une carte blanche offerte à onze femmes photographes pour interpréter, en toute liberté, le célèbre flacon « Abeille » créé en 1853 par le fondateur de la marque Pierre-François-Pascal Guerlain, pour Eugénie de Montijo à l’occasion de son mariage avec l’Empereur Napoléon III.
Cette année onze autrices internationales ont été sollicitées. Certaines ont mis en valeur le flacon, pur chef-d’œuvre des verriers Pochet du Courval, d’autres se sont davantage intéressées à l’impératrice Eugénie dont l’iconique beauté a été immortalisée par les photographies de Mayer et Pierson.
Jean-Luc Monterosso , Directeur artistique du Contemporary Image Museum de Chengdu
Parmi les artistes présentées, voici quelques interprétations inspirées par le célèbre flacon.
C’est également sur le pouvoir évocateur de L’Eau de Cologne impériale que s’est concentrée Valérie Belin. Par les jeux de reflets et de réflexions provoqués par le flacon, par l’accident photographique, en somme, la photographe nous raconte à la fois la magie et le rêve que déclenche en nous l’objet mais aussi toute une histoire en négatif de la photographie elle-même. En effet, Belin donne corps à la théorie de l’his- torien de l’art allemand Peter Geimer qui contrarie le récit d’un progrès ininterrompu de la technique photographique par une contre-histoire de perturbations, de surgissements et d’accidents. Ce qui était censé rester invisible — le dispositif — est révélé et fait aussi partie de la grande histoire 6. Valérie Belin tresse, avec son oeuvre, deux histoires en un récit subtile dont le noir et blanc vient relever les contradictions : la fragilité de l’objet, sa matérialité, s’oppose à la permanence du rêve éthéré qu’il suscite ; les accidents du médium qui reproduit cet objet peuvent être lus comme « heureux» et ont aussi aidé à creuser la place essentielle qu’il occupe aujourd’hui dans le paysage artistique.
Nous avons pris le large et sommes partis dans des contrées lointaines. Un carnet d’impressions garde les traces de nos aventures, celui de Delphine Diallo. Telle une exploratrice, elle a méticuleusement découpé, conservé et épinglé ses souvenirs d’investigation dans les méandres de l’histoire de l’Impératrice. Le dip- tyque créé apparaît comme un prisme qui, de deux faces, en compose une troisième : d’un côté les photographies et peintures d’Eugénie, ses portraits, bijoux, effigies ou ornements favoris. De l’autre, le flacon d’Eau de Cologne impé- riale, trônant sur son coussin de velours rouge, scintillante dans la lumière et cerclée d’or. L’oeuvre est la synthèse de ces histoires croisées et nous invite à faire ce voyage à travers le temps.
ORLAN, habituée des dialogues spatio-temporels, nous propose une tout autre aventure. L’artiste s’est elle-même hybridée à l’Impératrice dans une mise en scène qui fait, là encore, coexister deux univers. L’incarnation, thème phare dans son travail, côtoie la volonté sans cesse réitérée dans son oeuvre de briser les murs entre les styles, les arts et les genres. C’est une nouvelle union qu’ORLAN nous présente : la sienne avec Eugénie, et non plus celle de l’Impératrice avec Napoléon III, puisque l’artiste reprend son portrait officiel où le pendant masculin manque à l’appel. Il a été tranché, seul reste le féminin transcendé : l’artiste-Impéra- trice, l’Impératrice-artiste. Comme une nouvelle lame de tarot divinatoire, ce double singulier augure un avenir résolument féministe.
L’art de la mise en scène n’est pas étranger à la photographe chinoise Su Kui qui se définit également comme une « créatrice d’images » Dans sa composition, l’artiste joue sur la tension provoquée par l’attirance irrésistible suscitée par le flacon de Guerlain sur une nuée d’abeilles. Nouvelle hybridation, nous devenons cette fois, nous, regardeurs de la photographie, les abeilles suspendues au voile du réel qui nous sépare de l’objet de notre convoitise. Su Kui nous représente en train de contempler notre rêve dans une mise en scène sur- réaliste. Nous nous trouvons au-delà de la réalité, prêts à prendre notre envol dans les dimensions inconscientes de l’imaginaire.
C’est ce lien à l’intime que la photographie de Christine Spengler explore ; sous les traits, cette fois, d’une déclara- tion flamboyante. Le Flacon aux abeilles est avant tout une promesse d’amour pour la photographe. L’occasion qui a mené à la création de L’Eau de Cologne impériale, le mariage d’Eugénie et de Napoléon III, a baptisé ce parfum en enfermant sous son feston de cristal les tendres paroles d’un pacte amoureux. Le flacon est ici présenté comme un talisman. Autour, la photographe a rapproché ses propres fétiches comme pour préparer un philtre magique : un foulard aux couleurs sang et or, un collier offert par sa professeur de danse, son éventail préféré, quelques branches de bougainvillier fleurissant sur son balcon et une photo de son époux, prise le jour de leur rencontre. En nous parlant de son histoire d’amour et de celle d’Eugénie, Spengler nous parle aussi de la nôtre.
Ce bouquet, nous souhaitons l’offrir au monde entier : Après Paris, l’exposition sera itinérante et permettra de faire rayonner son message engagé et solaire sous notre bannière aux abeilles, aux quatre coins du globe. Avec « Femmes en regard » en 2021, « Piquées » en 2022, la création de « Women for Bees », en partenariat avec l’UNESCO, ou celle de « Women for Art », Guerlain continue son engagement pour l’empowerment au féminin en inaugurant « Chère Eugénie. »
Ann-Caroline Prazan, Directrice Art Culture et Patrimoine
EXPOSITION DU 09 MARS AU 04 SEPTEMBRE 2023
Maison Guerlain 68 Av. des Champs-Élysées, 75008 Paris
Ouvert du lundi au samedi : 11h — 20h Dimanche : 12h — 19h
Exposition en entrée libre