Bienvenue dans l'univers créatif de Pauline Petit, où se côtoient personnages imaginaires, humour et esthétisme.
Au fil des années, Pauline Petit construit une œuvre originale qui interpelle. Déterminée et positive, elle nous explique son parcours et son cheminement créatif.
Bonjour Pauline, pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour à tous, je m’appelle Pauline Petit, j’ai 36 ans, j’habite en Normandie et je suis formatrice en photographie et artiste photographe.
J’ai commencé la photographie en 2004 et je suis devenue photographe professionnelle à partir de 2012. J’étais photographe sociale, c’est-à-dire que je réalisais des photos de mariage, des photos de famille, de maternité…
En 2017, j’ai changé l’axe de mon entreprise pour me lancer dans la formation à la photographie. Cela fait donc cinq ans maintenant que je forme d’autres personnes au métier de photographe et que je me suis lancée en parallèle dans la photo artistique.
Vos photos ont une empreinte, une signature. On vous sent très sensible à l’art. Avez-vous fait des études parallèle en histoire de l’art ?
Non, je n’ai jamais fait d’étude en histoire de l’art. Cela m’aurait plu. J’ai d’ailleurs passé le concours pour rentrer dans l’école d’art de mon secteur pour devenir architecte d’intérieur, mais malheureusement, sans succès. En revanche, ma mère m’emmenait dans des musées très régulièrement et il y avait toujours un livre de Van Gogh ou de Monet sur la table basse du salon.
L’humour est très présent dans votre travail photographique. Est-ce un parti pris ?
Oui, c’est un trait de ma personnalité. Je suis quelqu’un d’hyper positif, hyper joyeux, et j’aime ma vie ! Je suis bien dans ma peau ! Cela m’a pris des années, mais à l’heure actuelle je suis exactement à la place où je dois être.
Et puis, c’est aussi un contre-pied à ce que l’on a l’habitude de voir au quotidien dans les actualités ! J’en ai assez de voir des photos de guerre ou de la faim dans le monde. C’est nécessaire évidemment mais la photo ne se résume pas à ça ! Je me suis donc dit que si je devais créer des photos, je voulais qu’elles donnent le sourire aux gens.
Qu’est-ce qui rend une photographie artistique ? Quelle est votre démarche ?
C’est une grande question ! Ce qui rend une photographie artistique selon moi, c’est la démarche construite et la réflexion qu’il y a derrière. L’artiste photographe a un projet. Il va faire en sorte de mettre les moyens techniques, artistiques, et le message, au service de ce projet.
Où trouvez-vous votre inspiration ?
Partout ! Aussi bien dans la vie quotidienne que dans l’histoire de l’art ! Pour moi, quelqu’un de créatif, c’est quelqu’un qui a la capacité de prendre plusieurs références et de les mélanger, mais pour avoi des références il faut être curieux de tout et se nourrir de tout ce que l’on peut trouver.
Est-ce que vous exposer ?
Oui de temps en temps.
Avez-vous des sujets de prédilection ?
Oui, les portraits ! Enfin les visages ! Enfin la création de visages ! Pour moi, dans la photo d’art, il y a deux grandes catégories : il y a les photographes documentaires et réalistes qui vont dédier une partie de leur vie à documenter un sujet et à le retranscrire sous forme d’une série ou d’un projet au service d’un message. Je les appelle les photographe auteurs.
Et puis, il y a les photographes esthétiques qui vont jouer avec les matières, les formes, les règles de composition pour créer des visuels, dont le but principal n’est plus de relater la réalité, mais au contraire d’inventer un imaginaire. Je les appelle les artistes photographes, et je fais partie de cette catégorie.
Commet définirez-vous un artiste photographe ?
Un artiste photographe est un photographe qui crée ses photos de A à Z, de l’idée au post-traitement et au tirage. Un artiste photographe travaille aussi souvent en séries photographiques.
J’ai développé personnellement quatre séries photographiques : Le Portrait Graphique et Figures de Style qui sont mes séries les plus connues, Collectionneuse d’Hommes qui est ma série la plus « engagée » et qui dénonce gentiment les discriminations entre les hommes et les femmes dans le monde de la photo et la série Têtes à Chapeaux, une série à tendance mode.
Y a-t-il des codes à respecter quand on fait de la photographie d’art ?
Non, selon moi, tout est permis ! Sauf évidemment, de reproduire ce qui existe déjà. Je pense que c’est important de trouver son propre style.
Quels sont les photographes qui vous ont influencé ?
Je suis beaucoup de photographes contemporains qui ont une démarche artistique proche de la mienne comme Flora Borsi, Hardibudi, Tim Tadder ou Alexa Meade. J’ai aussi beaucoup de références dans la peinture comme Magritte, Picasso ou encore Andy Warhol.
Parmi votre public, comment réagissent les enfants ?
Je crois que les enfants sont mes plus grands fans ! Ils comprennent tout, tout de suite ! Ils identifient très rapidement mes personnages et mes aspirations, parfois mieux que les adultes ! J’adore discuter avec eux et écouter leurs commentaires… C’est très formateur et ça me donne souvent de nouvelles idées de personnages.
Quels sont vos prochains sujets ?
Je viens de commencer la série « Têtes chapeaux », une série très mode, où j’ai créé des chapeaux très géométriques. Je pense donc continuer, dans un premier temps cette série.
Puis ensuite, j’aimerais bien réaliser une série plus surréaliste avec notamment en référence à Magritte. Et puis, j’ai aussi en tête quelques idées de création de décors façon pop art et pin-up.
Vous avez une démarche de directrice artistique.
Oui, tout à fait ! Je choisis tout ! et je fais tout ! Mon plaisir c’est vraiment de créer un personnage de A à Z.
Quelle est la part de la post-production ?
Le post-traitement occupe une très grande place dans mon travail. Je passe en moyenne entre 8 et 15 heures à retoucher une photo. Je retravaille avec une tablette graphique toutes les textures, les formes, les traits de maquillage, les lumières. En revanche, je n’ajoute rien. Je ne fais pas de montage photo, mais j’utilise tout ce que j’ai capturé à la prise de vue pour remodeler et modifier. Je suis très perfectionniste sur cette étape et je peux zoomer entre 200 % et 500 % pour travailler pixel par pixel, comme feraient les peintres en restauration d’œuvres d’art.
Quel logiciel utilisez-vous pour la post-production ?
J’utilise Lightroom, pour tout ce qui est classement, tri des photos et préparation de la photo, c’est-à-dire conversion noir et blanc, ajustement des expositions… puis Photoshop pour la retouche. J’utilise les techniques employées par les photographes de mode, notamment le Split Frequency et le Dodge and Burn.
Quels appareils et équipements utilisez-vous ?
Je suis une photographe très minimaliste côté matériel. J’utilise un boitier Nikon Z7II, et un objectif 70-200 mm f/2,8.
Pour les éclairages, je travaille avec 2 flashes Elinchrom : une source principale pour éclairer les visages et une source derrière le modèle pour avoir un fond 100 % blanc de la prise de vue.
J’utilise un bol beauté comme modeleur et un flashmètre pour faire mes réglages.
Auriez-vous des conseils à donner à quelqu’un qui souhaite se lancer dans la photographie artistique ?
Le conseil que je pourrais donner et qui me semble évident, c’est de trouver son style ! Beaucoup de photographes pensent que c’est compliqué mais je pense qu’il suffit juste de prendre un peu de recul sur son travail.
Quand j’ai commencé la photo, je faisais des photos de paysages en Normandie. On pourrait penser que cela n’avait rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui. Pourtant quand je regarde ces photos, je souris en voyant que j’avais déjà dessiné des formes géométriques sur le sable ou des ronds, des carrés, des triangles à la craie sur des rochers. Dès le tout début, sans m’en rendre compte le graphisme faisait déjà partie de mes photos.
Je pense donc que la question c’est plus de révéler son style que de le trouver. Et ensuite il faut oser l’assumer ! Ce n’est pas toujours simple de proposer quelque chose de différent, mais si vous trouvez le courage d’assumer vos choix, vous vous épanouirez dans un merveilleux univers qui n’appartient qu’à vous !
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