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La jeune photographe belge signe le visuel de cette nouvelle édition du Salon de la Photo
Après Brice Portolano l'année dernière, c'est au tour de Charlotte Abramow de porter son regard de photographe sur le Salon de la Photo pour l'affiche de l'édition 2018.
Charlotte Abramow est née en Belgique en 1993. À 7 ans, elle s’amuse à prendre en photo ses copines dans la cour de récré au jetable, puis commence à 13 ans à se passionner pour l’image. Dès 15 ans, Charlotte photographie ses amies, puis des adolescentes qui l’inspirent, créant à chaque fois une petite histoire. À 16 ans, elle fait la rencontre marquante de Paolo Roversi lors d’un stage aux Rencontres d’Arles. L’année suivante, Paolo Roversi rédige un article sur les images de Charlotte, intitulé « La fragilité et l’âme d’une guerrière » paru dans Polka Magazine en 2011. Cette rencontre conforte Charlotte dans l’idée de faire de sa passion, son métier. Ses images circulent alors beaucoup parmi les cercles de lycéennes et atteignent les mamans, qui travaillent parfois dans le milieu de la mode. À 17 ans, en parallèle du lycée, Charlotte commence à réaliser différents travaux pour magazines et jeunes marques belges, et quelques temps plus tard fait la couverture du ELLE Belgique.
En 2013, à 19 ans, la Belge s’installe à Paris pour étudier à Gobelins, L’École de l’Image. Son travail remporte le Prix Picto de la Jeune Photographie de Mode en 2014. Charlotte est diplômée en juin 2015 et arrive finaliste aux Photo Folio Review Awards des Rencontres d’Arles un mois plus tard. Elle expose son projet sur la diversité des seins « The Real Boobs » lors de la Nuit de l’Année des Rencontres. Depuis 2014, son travail aborde principalement le rapport au corps et les étapes de la vie, et met en scène les éléments de manière absurde dans un monde teinté de surréalisme.
Charlotte travaille actuellement sur la construction du livre et de l’exposition du « Projet Maurice » qui a réuni 777 contributeurs au financement participatif sur Kickstarter. Le projet, pas encore sorti, reçoit une large couverture médiatique et une Mention Spéciale aux Photo Folio Review Awards des Rencontres d’Arles en 2017. Parallèlement, un autre projet de reportage voit également le jour. La photographe part à la rencontre des habitants des Îles Féroé et construit, avec eux, un portrait créatif. Nommé « They Love Trampoline », ce projet réunissant photos et vidéo making-of du voyage, va bientôt être publié. À 24 ans, Charlotte fait ses premiers pas en tant que réalisatrice avec « La Loi de Murphy » et « Je Veux Tes Yeux » pour la chanteuse belge révélation Angèle. Les deux clips, soignés et absurdes, rencontrent un succès sur la toile. Elle réalise également le premier clip officiel de Georges Brassens « Les Passantes » à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, sorti le 8 mars 2018. Ce poème visuel rencontre de vives réactions sur la toile, et se fait censurer quelques heures par la plateforme YouTube.
Quels que soient le médium et le sujet, Charlotte a pour leitmotiv de raconter l’humain de manière poétique et métaphorique. Bientôt 10 ans de partage de ses images sur le net ont permis à l’artiste de réunir une belle communauté.
Expositions
2015
Exposition collective « BYO PAPER : The Real Boobs » lors de la Nuit de l’année des Rencontres d’Arles
Exposition collective « Autismes, regards » à la Maison des Métallos, Paris
Exposition collective « Les Intemporels d’Agnès b. » à la Maison Européenne de la Photographie, Paris
2012
Exposition collective aux Brussels Fashion Days
Prix
2017 : Mention Spéciale pour « Projet Maurice » aux Photo Folio Review Awards des Rencontres d’Arles
2015 : Finaliste des Photo Folio Review Awards des Rencontres d’Arles
2014 : Lauréate du Prix Picto de la Jeune Photographie de Mode
2013 : Finaliste du Prix Picto de la Jeune Photographie de Mode
2011 : Lauréate du Prix du Public du Weekend Photo Awards
Interview
Peux-tu nous résumer ton parcours professionnel en quelques étapes ?
J’ai commencé à faire des photos à l’âge de 13 ans, c’était très expérimental au début, je me faisais la main.
À partir de 15 ans, je faisais des portraits de mes amies, puis j’organisais des shootings avec des visages qui m’inspiraient, je m’occupais du stylisme, du maquillage, de la coiffure, du décor, avec les moyens du bord…
À 16 ans, j’ai fait la rencontre de Paolo Roversi lors d’un stage aux Rencontres d’Arles et cela m’a donné de la confiance et de la force pour décider d’en faire mon métier.
L’année suivante, j’ai commencé à réaliser quelques travaux pour des magazines et jeunes marques belges, et on m’a confiée la couverture du ELLE Belgique en 2013. La même année, j’ai déménagé à Paris pour étudier à Gobelins, l’École de l’Image. En 2014, j’ai reçu le Prix Picto pour la Jeune Photographie de Mode. Je suis sortie diplômée des Gobelins et j’ai eu l’honneur d’avoir mon projet « The Real Boobs » exposé lors de la Nuit de l’Année aux Rencontres d’Arles en 2015.
J’ai fait mes premiers pas en vidéo avec deux clips pour la chanteuse belge Angèle en 2017, et j’ai réalisé le premier clip de Georges Brassens « Les Passantes » en 2018.
Connaissais-tu le Salon de la Photo avant d’être présentée par Fisheye dans le cadre du concours des Zooms 2017 ? T’es-tu rendue au salon en 2017 ?
Bien sûr, je connaissais le Salon de la Photo qui est un évènement important du monde photographique français. Je n’ai pas eu l’occasion d’y aller en 2017 car les dates coordonnent avec l’anniversaire de ma mère que je viens alors fêter en Belgique… Pas toujours pratique !
Où as-tu puisé l’inspiration pour cette photo ? Quel message faut-il y voir derrière ?
J’ai été inspirée par le fait qu’en tant que photographe, je me contorsionne souvent dans tous les sens pour trouver le bon angle à mon image. Trouver la justesse au cadre nécessite parfois de sacrées positions corporelles… De l’extérieur, cela fait beaucoup rire mes équipes. J’ai trouvé cela intéressant d’explorer cette piste telle une « private joke » pour les photographes. Cela me permettait aussi d’explorer le langage corporel qui fait partie intégrante de mon travail plus général. Il y a aussi là une idée de création, de liberté, de spontanéité à la recherche de l’image dans l’instant même de la prise de vue. Les poses des modèles, qui sont issus de l’univers de la danse, en deviennent presque romanesques et apportent un peu de magie à l'ensemble. Au delà de l’image, qui est le résultat, la vie s’exprime aussi dans le geste même de photographier. J’aimais cette idée de prolifération de personnages, qui rejoint la prolifération d’idées, l’euphorie, la passion du photographe, comme une effervescence.
Peux-tu nous raconter les prises de vue, nous dévoiler les coulisses de cette photo ?Nous parler des modèles ?
Le shooting était très chouette, musical et spontané, où nous avons expérimenté toutes sortes de contorsions qui étaient sublimées par l’expérience, la souplesse et l'interprétation des deux modèles. Léo Walk et Fanny Sage sont tous deux danseurs, et ils ont chacun apporté leur univers chorégraphique au shooting.
Fanny est d’une souplesse et d’une vivacité incroyable, elle vit vraiment sa danse avec passion, dans des gestes très vifs, et dansait plus avec l’appareil photo qu’elle considérait alors comme un partenaire, un alter égo.
Le plus grand ami de Léo, c’est le sol. C’est un pro du breakdance et son défi était de trouver ses appuis tout en tenant l’appareil devant son visage. Léo est toujours à la recherche de mouvements réellement créatifs, expressifs et nouveaux, et ce que j’aime le plus chez lui, c'est son goût et sa quête pour l’improbabilité.
Tous deux prenaient part aux images, réfléchissaient au fur et à mesure des photos à toujours aller plus loin, à être plus expressifs tout en mettant l’objet en valeur.
Peux-tu nous parler de tes projets ?
Je viens de sortir une série, « Find Your Clitoris » qui explore visuellement le thème du plaisir sexuel féminin, qui reste encore plutôt tabou dans notre société. Je pense qu’il est important de parler de ces choses-là car c’est un sujet qui doit être connu pour qu’il puisse exister tout simplement !
Un projet réalisé en juin 2017, « They Love Trampoline », devrait sortir avant cet été. C’est une série sur la rencontre des habitants des Îles Féroé afin de créer avec eux une mise en scène et un portrait absurde. L’humour est un ingrédient très intéressant pour créer un contact avec les inconnus et partager ensemble un chouette moment. Tout en créant des images. C’était peut-être fois que je me mettais dans un exercice qui était celui de l’improvisation, tout en gardant la mise en scène dans une collaboration créative avec les habitants, qui étaient parfois déroutés, amusés, mais toujours motivés !
Sinon, je travaille surtout sur mon plus gros projet actuel, qui est le « Projet Maurice » dont l’aboutissement sera un livre puis une exposition. C’est un projet sur mon père qui a 85 ans, qui a traversé un cancer et un coma qui lui a laissé des séquelles neurologiques. Avec le temps, et malgré les pronostics plutôt négatifs de récupération, il est allé mieux, a commencé à se ré-exprimer, revivre, etc… Cette renaissance inespérée m’a inspirée ce projet, bien qu’il soit un personnage particulier aujourd’hui en partie dans la réalité, en partie sur sa petite planète. Pour apporter un nouveau regard sur la maladie, de l’espoir dans le traumatisme. J’ai réalisé un Kickstarter en 2016 afin de récolter des fonds pour réaliser des images dans des décors conçus spécialement sur base de son histoire, avec des costumes, des jeux de lumières,… et afin de construire un livre. Work in progress !